Création du Centre culturel et cultuel Teilhard de Chardin
Annoncé dans MonSaclay en 2019[1], c’est à la rentrée 2022 que doit s’ouvrir le nouveau Centre Culturel et Cultuel Teilhard de Chardin dans le quartier du Moulon (Gif-sur-Yvette). Au sein de la « Silicon Valley » à la française et environné d’Ecoles prestigieuses, ce Centre catholique est appelé à devenir un pôle de formation, d’innovation et de recherche académique au rayonnement mondial. Le but en est grandiose et tout à fait à l’échelle de Paris-Saclay. En effet, il a pour ambition d’offrir un espace de dialogue entre sciences, technologie et spiritualité »[2].
Qui est Pierre Teilhard de Chardin ?
Dans les années 70, qui n’avait pas dans sa bibliothèque le joli petit livret blanc et bleu, intitulé « Sur le bonheur » de Pierre Teilhard de Chardin ? Les « anciens » se souviendront peut-être du côté optimiste et enthousiasmant de ce texte. Mais, l’auteur est beaucoup plus que cela.
Le sens de la présence de Teilhard de Chardin (1881-1955) à Saclay est sa qualité de théologien mais aussi de scientifique de renom. Homme de science et philosophe, prêtre jésuite, chercheur paléontologue, il eut ses heures de gloire dans les années 40-50 puis est plus ou moins tombé dans l’oubli. Ses travaux ressurgissent opportunément pour participer aux préoccupations de notre époque.
Pensée effervescente et exaltante, certains parlent de « vision », riche et synthétique, à la fois scientifique et spirituelle, controversée aussi. Symbiose de la foi et de la raison. Et, partant, porté au pinacle par certains et mis au pilon par d’autres. Aussi bien par l’église que par les scientifiques.
Dans l’optique de son installation à Saclay, il est nécessaire d’avoir une idée des apports de Teilhard de Chardin dont je tente de donner un ou deux exemples. Quelques mots sonnent à l’évocation de Teilhard de Chardin : ce sont noosphère, point oméga, planétarisation et dans un autre ordre d’idées péché originel.
Adepte de l’idée d’évolution, il contribue à la notion d’enveloppe pensante, de sphère de la réflexion, de l’invention consciente, de l’union sentie des âmes jusqu’à l’évolution de l’intelligence. La noosphère serait « ces ensembles conscients qui enserrent la planète d’une pensée toujours plus réfléchie » qu’il décrit lui-même comme la zone pensante. Cette noosphère, « conscience collective de l’humanité », converge vers le point oméga qui est le Dieu des catholiques. C’est la porte ouverte à internet et à la mondialisation.
Des extraits calligraphiés de quelques-uns de ses textes ont été glissés dans un cylindre en acier qui sera inséré dans un des murs du centre.
Les acteurs du projet.
Favorisée par le concile Vatican II (1962-65), l’idée est en gestation depuis une dizaine d’années, initiée par les Jésuites et le diocèse d’Evry.
Ce projet est porté et financé à parts égales par la Compagnie de Jésus (Province jésuite d’Europe occidentale francophone), et les diocèses d’Ile de France (Évry Corbeil-Essonnes, Paris, Nanterre, Versailles), auxquels seront rajoutés des dons et l’aide des Chantiers du cardinal.
Sur le terrain vague et nu, le jeudi 8 avril 2021 s’est tenue la bénédiction du futur centre Teilhard-de-Chardin, lançant le démarrage du chantier. Mgr Michel Pansard (évêque du diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes), le père François Boëdec (Provincial des jésuites), Mgr Michel Dubost, initiateur du projet, et Jean Marie Duthilleul, architecte, étaient accompagnés de quelques étudiants de Centrale Supélec entre autres. Etait également présent le père jésuite Dominique Degoul, aumônier d’HEC et de Centrale Supélec, qui sera le futur directeur du centre.
Description du projet
Le Centre sera localisé au carrefour entre la rue André Blanc-Lapierre et l’avenue des Sciences, au sud de la rigole de Corbeville. Le terrain est actuellement bordé de quelques centaines de logements sociaux et d’un grand parking silo pour le stationnement des voitures.
Le coût du bâtiment d’une surface de 1600m2 est estimé à huit millions d’euros et la construction en est confiée au grand architecte Jean-Marie Duthilleul, récemment distingué par le pape François.
Il comprendra un espace dédié aux conférences et expositions, une cafétéria, des espaces de travail et de réunions, des logements pour l’équipe animatrice et une douzaine d’étudiants. Il y aura également une chapelle pouvant accueillir 2 ou 300 personnes.
Objectifs et attentes de cette opération si nouvelle
Plusieurs aspects sont considérés[3] :
Tout d’abord, un aspect social chrétien : le Centre aura vocation à devenir le lieu de vie et de célébrations de la communauté chrétienne sur place. Il s’agit clairement d’apporter la spiritualité chrétienne aux étudiants et chercheurs qui en ont besoin et répondre aux besoins pastoraux des familles. De plus, d’après le père Dominique Degoul, il est souhaité d’en faire un lieu de formation chrétienne pour des gens de niveaux intellectuels très élevés en recherche scientifique.
Ensuite, la création de ce Centre est un moyen pour l’Église de s’engager dans la formation et modestement de faire entendre sa voix sur des sujets d’actualité aussi divers que l’intelligence artificielle ou encore l’écologie intégrale. Le Centre se veut être un lieu d’échange autour des développements technologiques actuels et à venir. Ce sera un lieu de discussion, de formation aux questions éthiques que la science se pose.
Aujourd’hui
La photo ci-dessous du terrain a été prise le 23 mai 2021, soit plus de 6 semaines après l’inauguration. La construction n’avait pas encore commencé.
On devine au loin une grande sculpture noire. Son titre est « ADN : unité du vivant ». Elle est « destinée à accompagner l’ensemble des illustres établissements scientifiques de Paris-Saclay », dixit le sculpteur Pascal Masi le 16 mars 2021 lors de la présentation de l’œuvre[4].
Dans l’extrait de Youtube, Pascal Masi ne semblait pas alors prendre en compte le fait que son œuvre avait un pied dans la spiritualité. En effet, comme le montre la photo rapprochée, elle est située, très symboliquement, sur la limite physique du Centre Teilhard de Chardin, côté rue Yvette Cauchois.
Demain
Les travaux devraient commencer en juin prochain. Il faudra attendre quelques années pour pouvoir constater l’effet pondérateur du Centre sur les élans scientifiques de Paris-Saclay.
Danièle Bouchet
[1] MonSaclay Christophe Baillat
[2] Communiqué de presse du 9 avril 2021 du Centre Teilhard de Chardin
[3] https://www.centreteilharddechardin.fr
[4] You tube Reportage Paris-Saclay TV / présentation de la Sculpture ADN unité du vivant 16 mars 2021