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Petit manuel d’économie naturelle et réaliste

Juin 7, 2015

J’ai reçu un livre d’économie dans ma boîte aux lettres, cela n’arrive pas si souvent mais il y a tout de même un précédent. Expédié par Alain Madelin, alors ministre des entreprises et du développement économique, le livre : Ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas avait suivi le même chemin. Bien des années après, Gérard Dréan, m’envoie son B.A. BA d’économie. Entre son livre paru en 2013 et celui de Frédéric Bastiat, impossible de ne pas voir une même source d’inspiration, humaniste, individualiste et libérale.

Ce que tout citoyen doit savoir d'économie

Ce que tout citoyen doit savoir d’économie

Gérard Dréan est un ancien de Polytechnique (X 1954), aujourd’hui bénévole à la Fondation de l’Ecole, entre autres mandats, car lorsque l’on a occupé des postes de direction dans l’industrie, le pli est pris, aussi préside-t-il également aux destinées d’une importante co-propriété à Jouy-en-Josas et est-il membre de la Société d’Economie Politique.

A ceux que l’économie rebute, disons tout de suite que l’auteur n’a pas recours aux mathématiques, il préfère nous emmener sur un marché, acheter des choux. Oui, des choux. Après tout, c’est la première leçon, « le sujet même de l’économie, ce sont les désirs et la satisfaction des besoins humains ». Deuxième leçon, à chacun son terrain, Gérard Dréan ne tentera pas d’expliquer pourquoi le client veut du choux. Le comportement dépend de la psychologie, il est souvent imprévisible et l’auteur prend pour seul objet l’économie, « la science des richesses », pour la rendre accessible à tous. La troisième leçon est une leçon de modestie. L’auteur connaît les limites de la science économique. Préférant la réalité à la fiction, il ne se risque jamais à des prévisions.

Mais alors, pourquoi a-t-il écrit – et édité – ce livre ?

Car il croit avoir trouvé pourquoi certaines sociétés se sont plus développées que d’autres. Le postulat de Gérard Dréan est que la société cherche à développer la « prospérité matérielle » mais pour y réussir, elle doit faire une place aux innovations, autrement dit, aux iconoclastes, aux empêcheurs de tourner en rond. Si les pouvoirs établis (les Eglises, les Etats) ou les communautés ont des comportements tyranniques qui étouffent, empêchent, plus de progrès possible. Malheureusement, regrette-t-il, la tyrannie et la méfiance dominent la majorité de l’humanité…même dans les sociétés les plus évoluées.

Christophe Baillat

 

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Entrepreneuriat d’Oberkampf à aujourd’hui

Mai 16, 2015
Club des Entrepreneurs de Jouy - Bicentenaire Oberkampf (1815-2015)

Club des Entrepreneurs de Jouy – Bicentenaire Oberkampf (1815-2015)

Le Club des entrepreneurs de Jouy-en-Josas vous présente l’exposition : « L’entrepreneuriat : d’Oberkampf à aujourd’hui »
Vendredi 22 mai 2015 de 11h à 20h
A la salle du Vieux Marché de Jouy-en-Josas, Place de la Marne.
L’exposition commentée permet d’explorer le parcours unique, riche de succès et d’enseignements de Christophe-Philippe Oberkampf, qui constitue un important héritage 250 ans plus tard.
Cet entrepreneur de talent a révolutionné l’impression sur toile au milieu du XVIIIe siècle et fait de sa manufacture la troisième industrie de France. Il a été précurseur dans plusieurs domaines touchant l’innovation, le management, le social et le commerce.
Durant cette exposition, en fin de matinée à 11H30, Etienne MALLET, Président des Amis du Musée de la Toile de Jouy et descendant d’Oberkampf, dédicacera son livre :
« OBERKAMPF Vivre pour entreprendre ; Journal de l’inventeur de la Toile de Jouy » (éditions Télémaque).
Et au cours de la journée, Christophe BAILLAT, auteur, membre du CEJ, dédicacera son roman historique :
« Le neveu de l’abbé Morel, le roman de la Toile de Jouy » (éditions L’Harmattan).

Lien vers le site du Club des Entrepreneurs de Jouy-en-Josas

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Remise du prix de la nouvelle ENSTA ParisTech

Avr 3, 2015

_ J’ai écrit l’histoire vraie qu’un confrère m’a racontée avec les larmes aux yeux.

Jean-Luc Seigneur 1er prix pour la catégorie Grand public

avant jury inquietaprès lauréat soulagée

C’était en février 2015, Lucie, élève ingénieur à l’ENSTA ParisTech, m’adressait ce mail : Suite à notre discussion dans le train Lyon-Paris, vous trouverez ci-dessous l’invitation pour la table-ronde liée au concours de nouvelles organisé à l’ENSTA. Je ne pourrai malheureusement pas y participer mais j’espère que vous l’apprécierez. Ajouterai-je que je revenais des obsèques d’un cousin ingénieur à Grenoble ?

Quelle était la probabilité d’une telle rencontre ? A peu près nulle et la série de belles coïncidences pourrait d’ailleurs s’arrêter là. Si l’on demandait à des élèves d’imaginer un scénario avec des rencontres de hasard, ils n’oseraient sans doute pas aller plus loin. Ils auraient tort ! On oublie des coïncidences quand on essaie d’imiter le hasard. C’est l’un des enseignements de la table ronde qui a précédé la remise des prix du concours NOUVELLES AVANCEES à l’Ensta.

Dans l’amphi de 400 personnes, où se déroulait la soirée co-animée par Monique Legrand (inspectrice pédagogique régionale de Lettres) et Mathieu Guglielmino (étudiant ENSTA ParisTech), quelle était la probabilité de me retrouver assis côte à côte avec le lauréat ? Et le pourcentage de chances pour qu’un artisan coutelier passe un jour dans l’atelier d’un graveur à Neuilly-Plaisance, lui raconte l’histoire d’un couteau qui a traversé 2 siècles avant d’atterrir dans ses mains, que cette histoire touche Jean-Luc Seigneur et qu’il décide de l’écrire ?

Que pensent les scientifiques des coïncidences ?

Pour Cédric Villani qui vivait là sa dernière année de présidence du Jury, partagée avec l’écrivain Fatou Diome, plus on travaille à grande échelle, plus il y a de coïncidences en raison de phénomènes combinatoires. L’échelle rend la coïncidence probable. Certes, mais comment expliquer – a posteriori – que le jour même où Agro Paris Tech votait pour le déménagement  sur le plateau de Saclay, cette Ecole rafle les 3 premières places du concours de nouvelles dans la catégorie Etudiants scientifiques ? Il ne faut pas sur interpréter, direz-vous

Sans pouvoir citer tous les lauréats mais avancer tout de même un peu dans le palmarès, annonçons que le 1er prix Etudiants scientifiques revient à la nouvelle d’Emmanuelle Chevalier (Agro Paris Tech) : « Quarante-huitième maison ». L’inspiration lui est venue en passant un partiel de statistiques. L’histoire croise probabilité et démographie. _ Je me suis demandé comment, dans la vraie vie, on pourrait en avoir besoin.

Il y avait beaucoup de monde, je ne sais plus qui l’a dit mais j’ai entendu _ C’est affaire de point de vue. Impossible de restituer le contexte (on retient en moyenne 25 % de ce que l’on entend) mais il me semble que le point de vue des deux lauréats suivants l’illustre fort bien. Serait-ce la ligne de partage entre optimistes et pessimistes ?

A partir d’une « règle farfelue » que l’auteur s’est donné, Grégoire Hamon a imaginé l’histoire d’une famille où chaque membre provoque une catastrophe le jour anniversaire de ses 30 ans, du bombardement accidentel d’un orphelinat au naufrage du Titanic.

Pour Pauline Husseini, témoin d’une coïncidence stupéfiante et lauréate du 2e prix Grand public pour « Un souffle de vie », c’est tout différent, elle a été attentive aux belles coïncidences qui arrivent dans la vie.

Le récit « Le couteau à grimaces » qui a obtenu le 1er prix pour la catégorie Grand public souligne magnifiquement que ce concours de nouvelles est la rencontre entre les Sciences & Techniques et les Arts, avec cette histoire d’artisans qui se transmettent un savoir-faire de siècle en siècle.

Un tel événement ne peut être que le fruit d’un hasard bien doux et bien organisé.

Nouveau partenaire financier, le directeur de la Fondation ParisTech, Guillaume Ravel, a invité les futurs compétiteurs à « continuer à écrire sur un univers sur lequel on se pose des questions ». Ce non littéraire a pris goût au mélange des genres entre Science & Lettres.

Que la flèche du temps prolonge son mouvement jusqu’au prochain concours !

 

Ch. Baillat

Christophe Baillat

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Certainement le plus littéraire des livres de management.

Jan 24, 2015

Valérie Gauthier a écrit Savoir-relier, fruit de ses expériences dans des milieux interculturels, dans un souci d’efficacité des relations humaines.

Couleurs douces, plusieurs nuances de jaune et de vert, le côté littéraire de la jaquette frappe. La même douceur se retrouve dans la traduction française (Le Savoir relier. Vers un management intuitif et relationnel), mais l’effet vient cette fois d’une teinte bleue. Faites confiance à cette première sensation. Valérie Gauthier a une double sensibilité, elle a écrit un livre (en anglais) qui transcende les genres. N’a-t-elle pas commencé par enseigner la poésie américaine à HEC Paris avant de diriger le programme MBA ?
L’état des lieux qu’elle dresse à son arrivée à HEC (In my own leadership experience) est sévère, elle utilise broken spirit pour le traduire. La position du MBA dans les classements internationaux n’est pas à la hauteur de ses ambitions. Elle ouvre donc considérablement le recrutement, un virage qu’elle parvient à négocier en remaniant l’équipe en place. La diversité des origines sera un terreau pour la pédagogie. Quel défi pour des équipes de 5/6 étudiants, qui doivent réaliser une action commune, que de devoir combiner ces diversités. (Open yourself up to different ways of thinking and acting, while confronting reality). Une fois sa mission à HEC accomplie, Valérie Gauthier est partie deux ans au MIT faire de la recherche.

Le livre expose une méthode qu’elle a testée auprès de ses étudiants et lors de séminaires.
Tout au long de LEADING with SENSE (titre du livre en anglais), les références à Edgard Morin (le tout et la partie), et Pascal (la chaîne invisible qui relie les choses les plus distantes et les plus différentes) alternent avec les portraits de dirigeants. L’ensemble éclaire la méthode Savoir-relier que Valérie Gauthier propose. Clara Gaymard (General Electric), Apollonia Poilâne (Poilâne) et quelques autres nous accompagnent périodiquement. Elle les a choisis pour leur sincérité, leur générosité et leur capacité de résilience. Clara Gaymard, par exemple, a éduqué neuf enfants en les faisant grandir dans la confiance. Savoir-relier est aussi une méthode qui favorise l’innovation. Apollonia Poilâne a repris au pied levé la boulangerie familiale après le décès accidentel de son père et c’est sous son leadership que la cuillère qui se déguste (spoon cookie) est imaginée.

Lors de la présentation* du livre à laquelle j’ai assisté, Valérie Gauthier a détaillé la mise en œuvre de sa méthode pour faciliter les inter-actions de toute nature. (voir le chapitre 6 –How it works in practice). Elle repose sur une conversation qui suit l’écriture d’un auto-portrait. Quarante questions permettent à chacun de mieux se cerner individuellement et dans sa relation à des groupes allant d’une organisation à la société. (Par exemple : jusqu’à quel point faites-vous preuve de compassion ?). L’échange des auto- portraits fournit une matière riche et intime qui alimente la conversation du binôme durant deux heures. Aux nombreuses remarques des auditeurs sur la troublante accélération du processus de la connaissance de l’autre, induite par cette méthode, l’auteur a répondu que «le protocole a fait ses preuves ».
Le Professeur Valérie Gauthier a formé ses étudiants et des cadres d’entreprises à son protocole, soit 1 500 personnes qui, en binôme, ont eu cette conversation profonde après échange d’un auto-portrait rédigé. Les résultats l’ont convaincue que sa méthode aide à améliorer l’intelligence collaborative. Un site internet apportera bientôt des réponses à tous ceux qui se demandent : comment articuler le côté unique de chacun et le cadre contraint d’une organisation et en attendant, vous pouvez vous plonger dans la lecture du livre.

Christophe Baillat
Auteur
christophebaillat.jimdo.com

* Livre présenté au restaurant Chai Moi à Jouy-en-Josas, le 16 janvier au Bar des sciences et des lettres du Syndicat d’initiative.
couve Leading with Sense Valerie Gauthier

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Soirée Maison Léon Blum à HEC : Quatre-cent convives répondent à l’appel à la générosité

Nov 28, 2014

photo amphi Blum HEC photo repas Blum HEC
Ils n’ont pas les mêmes mouvements, ne fument pas le même tabac, l’arrivée des « congés payés » au bord de la mer l’été 1936 n’est pas passée inaperçue. Les plus aisés sont allés s’installer un peu plus loin. Certains habitués ont envié les nouveaux venus pour la liberté avec laquelle ils offraient leur peau au soleil. Qui les avait rendus si hardis, si près de leurs plages ? Léon Blum et il en était fier. _ La France a désormais une autre mine et un autre air.

Voici à peu près la couleur du documentaire projeté en ouverture de la soirée de soutien à la Maison Léon Blum, Eté 1936 : les premières vacances des Français. Une très jolie carte postale de Front Populaire-les-Bains. Comme Léon Blum a insinué le principe des loisirs, le film a introduit le débat sur l’application de ce principe en 2014. Qui va à l’opéra, pourquoi les bibliothèques sont-elles fermées le dimanche ? (Yann Lasnier, SG Fédération Léo Lagrange). Partir nombreux sur un énorme paquebot de croisière, est-ce expérimenter le vivre ensemble ? (Catherine Tasca, ancien ministre). Toutes ces questions et d’autres, nettement plus business, (Pierre Salles, Pdt Best Western France) ont été abordées pour mettre le film en perspective. Trois étudiants d’HEC, Judith Camarcat, Zoé Feltesse-Tapinos et Ambroise Coulomb (association Le Salon – HEC) ont modéré le débat.

Un imposteur parmi les orateurs

Je peux passer sur le cocktail, les friandises Técomah, encore que le foie gras en barbe à papa… Mais je suis obligé de parler de cet imposteur qui troubla le dîner. On l’annonça à la tribune, il venait spécialement de New-York. Au micro, il parla d’un peu plus haut que les orateurs précédents. Sa présentation forçait le respect : historien, politologue, spécialiste de Léon Blum. Un ponte très attendu, Philippe Davis. Il déclara que les enchères commenceraient à 5 000 euros, pas moins. En-dessous, on ne pourrait récupérer son vestiaire. Spécialiste du canular, formé à l’école d’Alphonse Allais, il se fit applaudir par une salle comble. Les descendants de la famille de Jeanne et Léon Blum ont apporté ensuite un témoignage plus intime qui complétait celui des spécialistes, les vrais ! (Pascal Ory, Pierre Nora…)

Autour d’une table de dix

Je dois au Club des Entrepreneurs de Jouy-en-Josas d’avoir eu un couvert à ce dîner de soutien servi dans le Hall d’honneur de l’Ecole. Comme il restait deux places vides autour de la table (un train manqué et une autre excuse dont je ne me souviens pas), et que nous étions à côté de la scène, la chanteuse de l’association HEC AssRock n’eut qu’un pas à franchir pour nous rejoindre, accompagnée par un membre du BDE. Il était tentant de leur poser la question : _ Vous qui êtes jeunes, que représente pour vous Léon Blum ? C’est vrai, c’est surtout pour les nouvelles générations qu’a lieu l’opération de réhabilitation, pour que la Maison soit un lieu de mémoire qui rayonne (Jacques Bellier, maire de Jouy-en-Josas).

 
Une urne transparente comme la mer, inviolable comme un droit fondamental, munie d’un très sérieux compteur, attendait les dons.

La souscription a commencé en juin. Il suffit de soustraire trente mille euros déjà récoltés aux cent-vingt mille nécessaires pour comprendre l’enjeu de cette nouvelle manifestation du 25 novembre. La présence de personnalités (Axel Kahn, Valérie Pécresse…), de journalistes (la Croix…) et de nombreuses associations comme le Lions Club, le Syndicat d’Initiative, Solidarités Nouvelles face au Chômage, les Amis de la Toile de Jouy…devrait lui assurer un large écho.

Christophe Baillat

christophebaillat.jimdo.com

PS : Vous avez la possibilité de soutenir la Maison Léon Blum en effectuant un don qui ouvre droit à des avantages fiscaux au titre de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur la fortune, ou de l’impôt sur les sociétés.

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Tour de France, brèves de comptoir à Vauhallan

Août 1, 2014

 

visage souriant motard enfile casque IMG_20140727_171409_0photographe et présentoir à journaux IMG_20140727_170100_0

Les coureurs sont partis d’Evry à 15h et nous sommes exactement 50 km plus loin en direction de la capitale. Descendant tranquillement des hauteurs de Vauhallan, je chemine avec une dame qui habite une maison isolée à côté de l’abbaye.  Elle a remarqué un hélicoptère au-dessus de chez elle il y a deux jours, preuve, me dit-elle, que  les images des paysages diffusées chaque jour sont bien enregistrées avant à cause du temps de montage. Une famille se repose sur un carré de toile à l’ombre, sous le hayon du  van, en rivalité amicale pour attraper les lots de la Caravane avec celle d’à côté. _ Ce coup-ci, vous avez eu quoi ?_ Et vous, vous avez réussi à choper des trucs ? Partout le long de la route, des scènes de bonheur simple, aux passages de la bande annonce publicitaire du Tour, évoquent l’insouciance des premiers congés payés.

Sac à terre, au centre du vieux village, avec Hotel pastis de Peter Mayle à l’intérieur, je m’assieds face à L’Atlas, restaurant marocain réputé de la place et apprécié de ma femme, d’où les maisons en front de rue montent vers l’église. Un annonceur de Radio trottoir dit qu’ils arriveraient dans deux heures. Depuis douze ans que le Tour passe ici, à Vauhallan, le public qui veut passer à la télé a appris à se placer comme un acteur. Un ado prévient sa mère qu’il ne va pas rester dans l’ombre car les caméras vont sûrement braquer le trottoir d’en face. Un homme jeune, torse-nu, quitte sa fenêtre. Il loge à côté d’un bar tabac presse tenu par un fier Breton, où je pense avoir un meilleur point de vue. Un scooter est garé devant contre un palmier en caisse, sous un grand parasol beige. Une femme gendarme barre un accès à un croisement. Tout le monde attend.

Assis à une table au bar, un habitant qui vit ici depuis trente ans partage un verre (bière Super Bock) avec sa mère (diabolo-menthe). _ La menthe, c’est interdit par ma religion, dit le fils. A la table d’à côté, originaire de St-Etienne, une étudiante en cinéma à Paris (studios Luc Besson à St-Denis) qui a un copain à Vauhallan (elle n’a plus de batterie pour l’appeler). Speakerine pour Radio trottoir, une jeune maman est venue avec ses deux petites filles qui ne s’éloignent pas de la poussette. Portant une casquette Skoda blanche, par la fenêtre ouverte on l’entend dire au téléphone : _ Ils sont à Polytechnique.  Les deux tables engagent la conversation autour de la transformation du plateau de Saclay. L’étudiante que cette discussion fait patienter imagine un campus à l’américaine. 1, 2, 3, mot magique, défais-toi. Le local de l’étape, les rigoles qui ruissellent du plateau le tourmentent. _ L’eau, elle va aller où ?  Il veut bien des nouvelles constructions pavillonnaires  mais se demande bien par où l’eau s’évacuera, vu qu’Orsay n’en veut plus et que le bassin de rétention de Gommonvilliers n’y suffira pas. _ L’alcool ne résout pas tous les problèmes, mais l’eau nous en pose beaucoup.

Une pile du journal L’Eaufficiel (Eau de Vittel), édition du dimanche 27 juillet 2014 Evry >Paris Champs-Elysées repose sur le zinc du comptoir où officie le patron.

_ Qu’est-ce que c’est ça ? _ On m’a dit que pour deux consignes ramenées, on avait une bière.

Un couple d’Anglais débarqué d’une voiture Skoda demande du thé (_ Pas de thé, pas de décaféiné) et quel est le nom du village.  J’épèle Vee, ei, you, etche…et ainsi de suite  jusqu’à la dernière lettre, le enne de Vauhallan. L’habit ne fait pas le moine (comment le dire en anglais ?). Ils m’expliquent que leur système de climatisation a été primé à Leeds en Angleterre et qu’ils ont gagné deux jours au cœur du Tour. _ You are very lucky !

17 h 15, du trottoir, sous nos fenêtres, monte encore : _ Ils sont à l’abbaye de Limon puis :  _ Ils sont au cimetière de Saclay, avant que le patron du bistrot sorte annoncer lui-même : _ Ils arrivent dans cinq minutes, ils sont vers Nestlé.

Arrivée au bar de deux jeunes gens sportifs, l’un torse-nu (mais bien porté) qui se fait admonesté (gentiment) par le patron. Le jeune homme enfile son T-shirt. Ils veulent des glaces. Le patron cherche dans le meuble du bar : _ Là, j’ai été dépouillé, les Skoda sont passés avant, je n’avais jamais vu ça. A la place, ils demandent deux Perrier et une bouteille d’eau (une grande si possible) à emporter. Le bistrotier : _ Dieu merci, j’avais prévu plein de cannettes. Il tend une grande Vittel.

Les coureurs arrivent groupés, le Tour est passé.

Dans le rétroviseur de la voiture-balai, une main verte fait une drôle de navette.  Avec le cadeau offert par le PMU  quand la caravane est passée il y a deux heures maintenant, un petit garçon fait au-revoir avec une main grande comme une raquette.

Le bar se vide mais des clients s’attardent. La patronne, cherche ce qu’elle doit taper sur sa caisse enregistreuse : _Normalement, le dimanche, je dors.

Le Tour a eu de la chance, la pluie s’est mise à tomber juste après son passage.

Christophe Baillat – Auteur à Jouy-en-Josas

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Mathilde Llau had always dreamt of running the HEC’s annual JUMP event

Juin 20, 2014

Signs posted around the grounds read: Do not ask for an easy life, but to have the strength to overcome the difficultiesMathilde Llau, organizer in chief of Jump HEC 2014, exemplifies this message.

Mathilde Llau Photo d'indentité

Mathilde has been riding since the end of the 20th century. She was determined to get the best higher education, for which she went first to Toulouse then to Paris. On the day she arrived at HEC, she deposited her bags in her new bedroom in the students hall, attended the welcome meeting, walked in the 250-acre park and looked at the grounds. “When I started at HEC, I was quite determined to be the president of the students office, so that I could run the Jump event.”

She looked for the second year students who had organized the event in 2013 to tell them her plan, and set to work amassing all the information and advice necessary: deadlines, key contacts… Organizing such an event is the best way to test your abilities to become a good manager. “HEC students have to submit a project as part of their studies, which may consist in coaching an entrepreneur or helping an association. 3 out of 7 students in the Jump association have chosen this event to get their accreditation. Analyzing the project according to the SWOT method (Strength, Weakness, Opportunity, Threat), the Threat was not just theoretical. There was no sign of a senior student proposing their help. Where on earth was the Jump HEC team? I emailed my classmates : 14 answered. That was enough to start the association. October was the best starting point. What made me decide to take on such a task? I had no particular talent, but I had the stamina to motivate the team. Usually, the first year students would be chaperoned by the second years. For the first time, we had to fly solo for the riding competition.”

If you look round the spectators attending Jump with their family, you’ll see a horse  licking their children’s salty hands (a bald head would also do the trick), with Jouy Castle in the background or betting on the chances of the horse managing to empty its haynet before its next round. If you pick a spectator and ask him what he saw, he’ll say busy students wearing the HEC polo shirt and lots of horses being ridden by even more riders (962 in 4 days). If he were asked his opinion on Jump 2014, he would repeat what he heard many times through the loudspeakers: “a clear round, and under the time limit”.

The post of organizer in chief is open for next year. Mathilde is studying Chinescheval en toile de Jouye, and looking to the next step in her academic career. “Thanks to an exchange program, I’ll be going to the Fundan University School of Management in Shanghai. Successfully organizing Jump one year is one thing. Setting up the structure for the organization to run smoothly on a regular basis is another. The transition filled me with panic. Let’s be professional with the newcomers and help them play their own role to the best of their ability. This is vital for the event, and for our association”.

Next year, the SWOT analysis will no doubt come to a different conclusionb ut the challenge will remain as demanding and will fill the leader with terror.

 http://christophebaillat.jimdo.com

Acknowledgements : I would like to thank Jenny Pickman, herself an accomplished translator, for her input in this english version.

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Comment Mathilde Llau a pris les rênes du Jump HEC

Juin 6, 2014

couple au milieu des lettres HECMathilde Llau Photo d'indentité

Maxime lue sur la pelouse du parc d’HEC à Jouy-en-Josas :
Ne demande pas une vie facile, mais la force de traverser les épreuves qui t’attendent.

En voici une illustration avec le parcours, forcément semé d’obstacles, de Mathilde Llau, Présidente du Jump HEC, qui s’est déroulé du 29 mai au 1er juin 2014 (44e édition). Cavalière, Mathilde le devient au tournant du siècle, en l’an 2000. Elève en classe préparatoire aux grandes écoles, elle l’a longtemps été aussi. Après deux années dans une petite classe prépa de Toulouse, puis à Intégrale en région parisienne, suit le welcome meeting à HEC. «J’ai intégré HEC en première année du cursus Grande Ecole. Depuis mon admissibilité à HEC, je rêvais d’organiser le Jump ».

La transition avec l’équipe du Jump 2013

A peine installée dans ses meubles sur le campus, après avoir transféré ses affaires d’une chambre à une autre, dans ce domaine d’une centaine d’hectares, une fois qu’elle a bien repéré l’amphi Blondeau, le bâtiment des études et les « grounds » (terrains de football, tennis et rugby), Mathilde cherche l’équipe qui a organisé le Jump 2013. Elle veut reprendre les rênes et en même temps, prendre conseil auprès d’eux, s’informer des deadlines à respecter, récupérer les précieux contacts …

Pour tester ses capacités managériales, organiser un évènement est encore plus probant qu’un study case et HEC se veut l’école de la liberté. Libre choix est donc laissé aux élèves de se choisir un terrain d’application. « En première année (1A), nous devons obligatoirement choisir un projet FACT (i.e. action sur le terrain) qui s’inscrit dans le cursus scolaire : on peut, soit accompagner un entrepreneur dans son projet, soit contribuer à la mise en place d’un projet associatif. Trois étudiants sur sept qui composent l’équipe organisatrice du Jump 2014 ont pris le Jump en FACT. Le Jump fait donc partie intégrante de notre cursus. »

L’analyse SWOT (Strength/force, Weakness/faiblesse, Opportunity/opportunité, Threat/ menace) appliquée au Jump, n’a rien de théorique. Elle  fait ressortir une menace bien réelle. Pour Mathilde, comme pour son équipe, «Pas d’ancien bureau pour assurer la passation, nous partions mal, ce fut le point noir de notre année. Il était impossible de trouver le moindre bureau du Jump sur le campus, prêt à recruter une nouvelle équipe. Où était passé le Jump HEC ? La personne destinée à prendre la présidence cette année s’en était finalement détournée pour diverses raisons. J’ai donc pris les devants et envoyé un mail de recrutement à l’ensemble du campus. 14 étudiants ont répondu, c’était suffisant pour monter un bureau solide pour cette 44e édition. J’ai été désignée présidente car j’avais organisé le recrutement, et qu’il fallait former rapidement le nouveau bureau pour pouvoir commencer l’organisation dès le début du mois d’octobre. Je n’avais pas de compétence particulière, simplement la motivation et l’envie d’entraîner mon bureau dans cette merveilleuse aventure. »

Il est inhabituel que l’association soit présidée par un étudiant en 1A, en temps normal, le bureau est composé de 2A qui forment les 1A (freshers en anglais). Evidemment, pour le spectateur venu en famille voir le Jump, pique-niquer au bord du lac, regarder les enfants donner leur main à lécher à un cheval gourmand de sels minéraux (un crâne chauve fait tout aussi bien l’affaire), admirer au loin le château de Jouy, ou s’amuser de voir un cheval tirer et secouer un filet rempli de la paille qu’il convoite, cette menace est passée inaperçue, complètement cachée par le soleil. Il a bien vu des garçons et des filles portant un polo blanc siglé Jump HEC en lettres vertes et des couples (cheval & cavalier) qui se succédaient (962 sur les 4 jours), mais tout cela avait l’air d’être tellement bien préparé. Si on demandait à ce spectateur de juger le 44e Jump HEC, habitué aux annonces micro, il dirait certainement : parcours sans faute et dans les temps.

Mathilde s’est lancée dans l’étude du chinois et regarde déjà vers la suite de son parcours qui passe en ce moment par HEC. « Je pars l’année prochaine pendant le premier semestre à Shanghai pour un échange universitaire avec la Fudan University School of Management. Bien organiser un concours sur une année c’est faisable. Conserver une régularité de notre évènement tout en améliorant les choses qui ont posé problème, c’est bien plus difficile. A nous d’assurer la pérennité de notre concours et par là-même, de notre association.».

Avis aux amateurs. L’année prochaine, les données de l’analyse SWOT seront certainement différentes mais le challenge sera tout aussi excitant et redoutable.

C. B

http://christophebaillat.jimdo.com

 

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Les robots regardent passer les vaches laitières et les attendent.

Avr 26, 2014

Je ne veux pas vous influencer mais uniquement vous répéter ce que les éleveurs m’ont dit.
_ J’en ai marre de traire, je veux des vaches autonomes.

Il y a une quinzaine d’années, visitant une ferme d’Ile-de-France, le propriétaire m’avait expliqué qu’un indicateur lui permettait de savoir quand la vache allait vêler et donc de dormir sur ses deux oreilles jusqu’à ce moment. La queue levée, indicateur de prédiction, était son remède aux nuits de veille. Depuis, les vaches ont beaucoup progressé. En doutez-vous ? Elles sont désormais capables d’aller se faire traire toutes seules. Dans les salles de traite, la main de l’homme (peu réputé pour son goût du travail à la chaîne) est devenue invisible. Bien sûr, comme beaucoup de familles des environs, j’ai visité la salle de traite de la ferme de Viltain. Les professeurs des écoles adorent montrer aux élèves un roto (le terme commercial Rotolactor est assez bien imagé), une sorte de manège qui tourne sur lui-même avec une libre circulation des animaux. Les vaches sont branchées manuellement pour la traite.

En lisant dans le New York Times un article ( 1) au titre original: Robots let cows decide when to get milked, le 24 avril, je me suis aperçu combien ce système conçu dans les années trente avait pris un coup de vieux. L’heure est au robot milking system.
Dans plusieurs fermes, en France, en Norvège et aux Etats-Unis, des robots de traite font le job. Le titre du même article sur le site web du journal est encore plus explicite : With Farm Robotics, the Cows Decide When It’s Milking Time.

L’Europe a été pionnière dans les années 1990: le groupe néerlandais Lely et la société DeLaval ( 2) qui a son siège à Elancourt, dans la partie yvelinoise du plateau de Saclay, proposent ces robots. Ces dernières années, ils fleurissent dans la ceinture d’élevage laitier qui entoure l’Etat de New York. Autrefois, la vie de la plupart des fermiers s’organisait selon le rythme des traites, une avant l’aube et une autre en fin d’après-midi. Aujourd’hui, grâce à un collier intelligent (sensor), les vaches ont obtenu ce qu’elles voulaient : plus d’autonomie, du temps pour donner leur lait, du sur-mesure avec une traite individualisée à la demande. C’est le règne du Do it yourself. Des lasers scannent leurs pis (teats) et les résultats traités par ordinateur donnent l’indice de chaleur de l’animal (à partir du nombre de pas parcourus), la quantité de lait…tandis que les animaux vont et viennent librement [the animals just walk through], de la zone de pâture, jusqu’au robot.

Les jeunes sont technophiles, ils redoutent le fumier et le travail manuel. Les vaches aussi semblent apprécier le changement. De même que les protecteurs des animaux, dans la mesure où « ne pas avoir le lait tiré est douloureux ». Or, les bêtes sont maintenues artificiellement en état de lactation permanent, d’où des allers et retours au poste de traite jusqu’à six fois par jour. Quelles sont les motivations de ces agriculteurs qui innovent ? Difficulté avec le personnel (quand ils en trouvent). Ils ont moins de souci avec un robot qui, de surcroît, assure une plus grande quantité de lait produite. Ils mettent à profit le temps dégagé grâce au robot pour soigner leurs bêtes. Comme le dit Tom Borden ( 3), propriétaire d’une ferme familiale « Je préfère manager des bêtes que des hommes » même si l’équipement coûte 250 000 dollars.

La démesure amerloque ai-je lu sur un forum ?

Christophe Baillat
http://christophebaillat.jimdo.com

(1) Article de Jessie McKinley paru dans le NYT April 24, 2014

(2) Remerciements à Edouard Alix, chef de produit robotique et Frédéric Baron, dirigeant de l’entreprise DeLaval à Elancourt. Photo Roto_HBR

(3) O.A. Borden & Sons a family farm  since 1837

Info Citoyen

Projet d’anneau XXL

Fév 14, 2014

Le CERN tire des plans sur la comète

Michel SpiroLe vide n’est pas vide. Les physiciens quantiques (les atomistes) l’ont démontré et l’agenda du jeune retraité Michel Spiro, astro-physicien, n’apporte pas de preuve contraire. Son road show tourne autour de la planète, entrecoupé de visites où il accompagne des scolaires. Michel Spiro n’a plus le poids de ses équipes. Il s’est délesté d’un coup de deux mille personnes. Il lui reste cependant l’essentiel, les collaborations avec les membres d’une communauté passionnée et libre pour reprendre les termes de Sandrine Laplace, avec qui il co-signe l’ouvrage collectif La physique des infinis. Et un projet disruptif. Construire entre le Jura et le lac Léman un nouvel accélérateur de particules de 100 km de circonférence. Trois fois plus grand que l’actuel anneau qui a permis la découverte du Boson de Higgs. Il n’y a pas d’horizon indépassable.

CEA de Saclay
Le CEA est la structure qui supporte (au sens anglais) le déplacement de M. Spiro pour le kick off meeting project. Le prénom Josiane figure sur le dernier slide de la présentation de M. Spiro qui en compte une quarantaine. On n’imagine pas tout ce qu’elle peut faire.

De [email protected]
Envoyé : mercredi 12 février 2014 09:15
A [email protected]
Le Pr Spiro est en route vers Genève mais sa carte d’accès au CERN est restée sur son bureau. Après la conférence de lancement à l’université, il doit dormir au foyer hôtel du CERN. Voulez-vous que je vous envoie sa carte scannée ?

CERN – Facility services
Le CERN sous-traite à un Facility services les espaces verts, la sécurité incendie et la gestion des accès sur ce site de 150 hectares. Le Services manager dirige une équipe d’une centaine de personnes (120 serait idéal mais les temps sont durs). Les équipes sont autonomes et ne signalent au manager que ce qui sort de l’ordinaire.

De [email protected]
Envoyé : mercredi 12 février 2014 10:07
A [email protected]
Madame, vous pouvez m’envoyer ce document mais les accès sont contrôlés électroniquement. Comme il s’agit de l’ancien président du CERN, je n’imagine pas qu’on le laisse à la porte. Cdlt. Martens

11h – CEA de Saclay
De [email protected]
A [email protected]
J’aurais dû vous préciser que M. Spiro est retraité mais il garde ses habitudes au foyer hôtel.

17h Salle de rédaction de La Tribune de Genève
Un espace est réservé pour l’édition du lendemain (jeudi 13 février) avec un titre provisoire :
PLUS GRAND QUE LE « SEIGNEUR DES ANNEAUX »
Le CERN prépare l’avenir

Le rendez-vous avec le professeur Michel Spiro est fixé à 18h, avant la conférence tous publics qui commencera à 19h et sera suivie d’une verrée. Le journaliste prendra une photo de l’assistance lorsque la salle sera pleine (300 ? 500 personnes ?) et tapera son article dans la salle de presse de l’Université pendant la conférence. Si tout se passe bien, il sera de retour dans l’amphi pour le verre de l’amitié et son article paraîtra dans l’édition du 14 février. Le projet du CERN prévoit l’achèvement de la nouvelle construction pour 2035. Ce qui signifie pour tout le monde un travail longue haleine.

17h 30 12 février 2014 – Parc des Bastions jouxtant l’université de Genève
Un homme d’une soixantaine d’années se repose sur un banc, en costume sombre et parka, un sac à dos à ses pieds qui contient son ordinateur portable et des livres à offrir et dédicacer. La veille, un confrère lui a vanté les mérites des méthodes japonaises de gestion du stress. Il ne demande qu’à voir. Pour l’instant, il pratique la relaxation de base, il a marché dans les allées en respirant bien, et là, il fait le vide avant d’enchaîner interview plus conférence.
***************************
Pour n’avoir pas regardé ses mails après la verrée, M. Spiro a trouvé porte close à son arrivée devant le CERN. Cette mésaventure, qui l’a obligé à revenir par la navette jusqu’au centre-ville de la capitale suisse, a été salutaire en ce sens que pour marquer son passage à la retraite il a fait un break d’un mois en Thaïlande avec sa compagne, avant de reprendre ses activités. Dans l’ordre, Melbourne, Doubna, Boston et Chicago. Là comme à Genève, il espère toujours contribuer à transmettre sa passion pour la recherche et la connaissance.
Christophe Baillat
http://christophebaillat.jimdo.com

Info Citoyen, Plateau de Saclay

Plateau de Saclay : Histoire d’Alexandre Alexeïevitch, dit Alex

Jan 17, 2014

monSaclay est heureux d’accueillir un nouveau contributeur.

Christophe Baillat, auteur à Jouy-en-Josas, sous le plateau de Saclay, sort son périscope.Il nous fait partager sa première histoire, celle d’Alex, physicien russe.

Il remercie chaleureusement Science Accueil, MonSaclay.fr et le Club des entrepreneurs de Jouy-en-Josas pour l’aide apportée dans la recherche de ces contacts. 

 

_ Je rigole quand j’entends dire que les chercheurs n’ont pas besoin d’être dirigés, c’est peut-être vrai dans leur travail, tant mieux pour eux, mais dès qu’ils sortent du labo, ils sont à côté de la plaque, si vous me permettez. Certains sont carrément euphoriques, le problème, c’est de les ramener sur terre jusqu’à nous. La bureaucratie, c’est à l’opposé de ce qui leur convient. Ils sont incapables de défendre leurs droits. Nous, nous connaissons les dessous du système, nous leur offrons une sécurité. Dans le cas d’Alex, c’est vrai, Tatiana nous a beaucoup aidés. Sandrine de Science Accueil

Alexandre Alexeïevitch, (Alex2 pour ses collègues, ou encore Alex) travaille à une échelle temps de quelques fractions de seconde, inférieure à la nano seconde. Il est le type même du physicien-voyageur qui enjambe les continents pour faire carrière ou partir avant la date d’expiration de sa carte de séjour. En consultant son CV sur Research Gate, on voit qu’il est déjà venu à Paris avec un visa d’un an _ Un contrat CNRS, mais après je n’ai pas pu rester. C’était il y a cinq ans. Compte-tenu de la mauvaise réputation des fonctionnaires français « trop tatillons», il avait eu recours à Science Accueil comme intermédiaire. Sandrine se souvient.

Le 15 décembre 2008, Alex salue son directeur de labo, le Pr Klein, au centre-ville de Moscou, débarque quatre heures plus tard à l’aéroport de Roissy, d’où il appelle l’association Science Accueil à Orsay pour qu’elle lui trouve un point de chute. Il doit prendre un poste de chercheur à l’UPMC, l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, une faculté d’ingénierie dans le Ve arrondissement. Il commence après Noël. Il a pris soin de faire précéder sa venue d’un mail expédié à Science Accueil. Il arrive avec un simple bagage par l’escalator dans le grand hall de l’aéroport et compte sur Sandrine pour lui trouver un hébergement le soir même. Aimablement mais fermement, elle lui fait remarquer qu’il ne leur laisse pas le temps de se retourner. _ Pas le temps, vous plaisantez, ce n’est pas ma faute si vous êtes surchargée … Pour Sandrine, c’est un cas désespéré mais, hélas, pas isolé. Elle a réussi à le loger dans une ferme-auberge (cela dit, il n’en garde pas de mauvais souvenir). Depuis bien des choses ont changé. Il a soutenu sa thèse, s’est offert un orgue électrique en récompense de son prestigieux titre de Docteur (Ph. D. in Physics), a séjourné à Osaka et au centre-ville de Toronto où il a rencontré Tatiana Alassieva, une compatriote. Depuis, ils ne se quittent plus. L’organisation des déplacements s’est, comment dire, professionnalisée et tout le monde en profite à chaque bout de la chaîne.

Il y a peut-être un million de scientifiques dans le monde (ce n’est plus la noblesse du XIXe siècle) mais la compétition dans les labos est loin d’être la même partout. Alex ne veut plus entendre parler du système américain. Du Canada comme des Etats-Unis, il dit : _Là-bas, le Professeur qui dirige un labo est comme un chef d’entreprise. Il donne le même sujet à deux équipes, les presse comme des citrons et il garde les meilleurs à la fin. Venant d’un pays de l’Est, il n’a pas l’habitude de se vendre. Aussi le régime français lui convient mieux. Il peut désormais candidater pour des postes post-Doc et soumettre son dossier à une commission composée de sept personnes. On ne l’attend pas non plus à bras ouverts. Sur un tableau, il a lu un jour : tu fais la compétition à nous. Message non signé d’un collègue qui parlait moins bien français que lui.

Entre deux équations prometteuses, Alex joue au piano dans le petit coin chaleureux ménagé derrière une porte du labo de Toronto, orné de souvenirs et de blagues de matheux…

La vibration est rock & roll. Avec trois mois d’avance sur le déménagement projeté, Tatiana reçoit sur son Smartphone une liste de quinze propositions d’hébergement. Le soir en se concertant, leur choix est le même, ils préfèrent habiter au centre de Paris, vivre et travailler à Paris pour Alex avec, occasionnellement des allers et retours au Synchroton Soleil à Saclay. (La lumière y est si puissante qu’elle compense le peu de temps laissé à l’observateur pour réaliser son travail). Tatiana envoie cet email: _ Chère Sandrine, merci pour vos propositions en réponse à notre demande. Nous avons maintenant le projet d’avoir un enfant (elle en assume la responsabilité, Alex n’entend rien à ces choses-là, elle pourrait lui raconter n’importe quoi). Du coup, pourriez-vous nous proposer des logements plus grands ?

Première déconvenue, la Cité universitaire internationale est saturée de demandes, aussi Tatiana reçoit-elle un nouveau message l’informant que les seules possibilités seront soit à Evry (préfecture de l’Essonne), soit à Palaiseau. Avec leur budget, Sandrine n’a pas pu trouver plus près de Paris. Deuxième déconvenue, les vaccins de leur animal domestique ne sont pas à jour. Tatiana tient à son lapin au moins autant qu’à Alex, elle doit faire des pieds et des mains pour tenter d’obtenir une dérogation. Finalement, le couple peut venir en France s’il promet de régulariser la situation du rongeur. Le choix entre Evry et Palaiseau, a été vite fait. La préfecture est un mot repoussoir pour Alex, il préférerait jouer au piano dans une camisole de force. De lointains échos lui parviennent, via Tatiana qui prépare le terrain pour lui en vue du retour à Paris. La veille encore, elle tentait de se loguer sur le système informatique de gestion des rendez-vous. Mais à minuit et une minute, elle était recouchée, les rares créneaux ouverts étaient déjà pris d’assaut.

_ Il faut sans arrêt se reconnecter, c’est épuisant.

_ C’est amateur, ce n’est pas normal. Dans d’autres pays on y arrive alors pourquoi pas au pays de Louis XIV? Ailleurs ça marche un peu comme ça (sa main serpente), ou comme ça (il tend sa main comme pour donner un billet), mais à la fin, on y arrive. La France croit aux papiers. C’est tout carré. Tatiana lui dit qu’il n‘y a plus que le vaccin qui pose problème. Pour Alex, qui a le poste mais pas encore tous ses papiers, c’est comme un cauchemar. La France, c’est un pays magnifique mais la préfecture, c’est le pire.

Une nuit, alors qu’ils sont sur le sol français, Tatiana décroche enfin le rendez-vous.

_Chéri !

Alex n’a plus qu’à prendre le sac à dos qui contient les documents demandés pour la carte de séjour, justificatifs de résidence, justificatifs d’activité professionnelle Il enfile une polaire et des chaussures de randonnée.

_Pourquoi tous ces papiers ? Mais pourquoi, je suis ici légalement, je travaille.

_Dépêche-toi tu vas rater le rendez-vous.

_ Il vaut mieux avoir trop de documents que pas assez, j’en prends encore quelques-uns.

_ Allez, go !

Tatiana a lu sur un forum qu’une femme qui avait accouché en urgence et subi une césarienne en plein été, à la date prévue initialement pour son rendez-vous en préfecture, n’avait pas pu en obtenir un autre car elle n’avait pas honoré le premier.

A son retour, Alex a le sourire (heureusement qu’il peut prendre des libertés sur son emploi du temps de scientifique). Maintenant, tout s’emboîte, activité, domicile et papiers en règle. Occasionnellement, il sera près de son lieu d’activité, (Palaiseau et Saclay sont tous deux situés sur le même plateau dit de Saclay même s’il le déborde). Le plus souvent, il en sera éloigné de 15 kilomètres pour rejoindre l’UPMC. Pour monsieur, l’horizon s’est dégagé.

Aujourd’hui, le lapin restera seul à la maison. Tatiana l’a fait sortir de son mobil-home, un sac de transport, réparé avec du ruban adhésif partout où il l’a attaqué avec ses dents, pour le faire entrer dans une grande cage d’un mètre de long. Le vaccin va l’affaiblir deux jours. Tatiana, conjoint de scientifique, en profite pour se rendre à Science Accueil. Elle cherche une sociabilité, un peu de chaleur humaine pour rompre l’isolement quotidien qui se profile à l’horizon. Il faut choisir entre la visite du château de Versailles, des cours de cuisine en français et du golf. Elle opte pour la cuisine française. Elle fait le calcul que les échanges y seront plus intenses entre les participants. Et le plat qui se consomme à la fin du cours est inclus dans l’inscription.

Dans quelques années, ils devraient obtenir leurs cartes de séjour valables dix ans, ils feront alors construire une maison, le long de la Bièvre au pied d’un bel ensemble scientifique de renommée mondiale.

Contact : [email protected]

http://cbaillat.skyrock.com/

Auteur de plusieurs livres parus depuis 2004 chez l’Harmattan et Yvelinédition. Prestataire et conseil en écriture.

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de Saclay au bourg et au Val d'Albian et de l'ensemble des habitants du Plateau de Saclay. MonSaclay.fr est un blog d'entre-aide; un blog d'information citoyenne sur les
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Contact : Stanislas Berteloot [email protected]