Source: Le Monde, 01.10.2014
A quoi doit servir l’Ecole polytechnique dans la France du XXIe siècle ? Pour le député et rapporteur du budget de la défense, François Cornut-Gentille (UMP, Haute-Marne), il est urgent que l’Etat réponde à cette question et fixe une mission claire à la prestigieuse école d’ingénieurs.
Dans un projet de rapport présenté mardi 30 septembre devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, le député déplore « l’inertie » et « la désinvolture » de l’Etat, qui n’a mené « aucune réflexion globale sur le rôle de l’école depuis plus de quarante ans ». « La difficulté de l’Etat à définir une stratégie et une ambition dans les domaines scientifiques, techniques et industriels depuis plusieurs décennies est source d’affaiblissement pour Polytechnique », prévient-il d’emblée.
Abandonnée, l’école dériverait vers un double écueil : « une banalisation » dans un contexte de mondialisation de l’enseignement supérieur qui pousse à la standardisation ; une « privatisation » par l’importance grandissante du financement privé.
PROBLÈME D’IDENTITÉ
Certes, l’établissement militaire de Palaiseau (Essonne) dispense un enseignement de haut niveau : « Avec la formation polytechnicienne pluridisciplinaire, écrit le député, la France dispose d’un atout majeur pour affronter ces défis du XXIe siècle. La capacité des élèves de l’X à appréhender un sujet sous plusieurs angles scientifiques leur donne une force d’analyse et de compréhension singulière. »
Pour autant, « la place et l’identité de l’école ne vont plus de soi ». L’Etat, en effet, n’est plus un acteur du développement du pays, et il n’a donc plus besoin d’ingénieurs de haut niveau. Seuls 17,5 % des 400 polytechniciens diplômés par an rejoignent aujourd’hui un grand corps de l’Etat. C’est donc vers le privé qu’ils se tournent.
Alors que les enjeux scientifiques sont omniprésents, « on assiste à la poursuite, voire à l’accélération de la perte d’influence de Polytechnique au sein de la haute fonction publique et de la sphère politique », observe M. Cornut-Gentille.
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