Info Citoyen

En-visager l’avenir

Juil 8, 2014

Salle obscure et techniciens sur scène, ainsi fut présenté lundi 7 juillet à Orsay, l’état d’évolution du Contrat de développement territorial (CDT) Paris-Saclay[1]. La réunion publique a réuni plus d’une centaine d’habitants du secteur. Introduite par David Ros, maire d’Orsay, elle a été menée par Guillaume Pasquier, Directeur Général Délégué de l’Etablissement public Paris-Saclay (EPPS).

Après un panorama complet des constructions en vue (implantations industrielles, universitaires et grandes écoles, logements) et des infrastructures routières et ferrées prévues (métro, sites propres, pistes cyclables, réaménagement des carrefours, parkings), il a tenté de répondre à des questions affutées et critiques du public. La circulation a constitué le noyau dur des échanges. L’afflux massif de quelque 50 000 personnes sur un territoire de 7 700 hectares, aux artères aujourd’hui déjà saturées fait peur. Le déphasage avec l’arrivée du métro (ligne 18) en 2025-26 aggrave l’inquiétude. Une tonalité qui rappelle la mise en garde d’Alain Fuchs président du CNRS, lors des auditions de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (OPECST) sur l’avenir du plateau de Saclay, le 27 octobre 2011[2]. « Je voudrais attirer votre attention sur les sites, clusters, pôles étrangers récents (…) Tsukuba par exemple, qui a été une expérience extrêmement réussie pendant une vingtaine d’années, est en train de s’essouffler aujourd’hui. Ce sont les entreprises qui nous le disent, et aussi les étudiants. Ils se disent fatigués par les conditions de transport et de logement. Le train Tokyo-Tsukuba est toujours le même et il met toujours autant de temps, et les étudiants ont toujours aussi peu de logements. C’est aussi simple que cela ».

Si les choix thermiques (chauffage par échange de chaleur avec l’eau souterraine) font preuve d’innovation et d’adéquation avec les défis de durabilité, il semble que les articulations entre transports en commun et circulation douce restent très conventionnelles. Pas de solutions proposées pour connecter étroitement la vallée et le plateau (un serpent de mer selon Guillaume Pasquier alors que FNE vient de remettre en selle l’idée d’un téléphérique), pour doper le RER B véritable boulet de la banlieue sud ou pour acheminer des populations du sud du département (Etampes, Dourdan..) en transport collectif.

 

Mais qui sont les pilotes ?

On l’a entendu, les habitants familiers du territoire et pour beaucoup engagés pour une défense de la qualité de vie, de l’air, de l’agriculture locale sont en demande d’ajustements de ce Contrat de développement territorial. D’ailleurs, Guillaume Pasquier souligne que beaucoup de choses ont évolué depuis qu’en septembre 2013, l’État, (représenté par le préfet de région) et les communes et leurs groupements ont signé le CDT. Pourtant c’est le texte, figé en janvier 2012 qui sera discuté lors de l’enquête publique prévue à l’automne. Pourtant, l’enquête publique se limitera à une évaluation d’impacts comme le prévoit la loi… Alors pourquoi ne pas être plus clair avec les citoyens ? Pourquoi laisser croire que les scenarii présentés peuvent évoluer ou faire l’objet d’ajustement ?

La distribution des rôles manque ici de clarté. Car comment comprendre qu’une soirée consacrée aux infrastructures locales mobilisant plusieurs milliards d’euros soit pilotée par l’opérateur technique, en l’occurrence l’EPPS. Pourquoi Michel Bournat, nouveau président de la Communauté d’agglomération du plateau de Saclay (CAPS) et maire de Gif présent dans la salle n’a-t-il pas coordonné les échanges. Quels vis-à-vis peut-on élaborer dans une salle de cinéma où aucun visage ne se montre ?

L’affaire n’est pas anodine. Car partout on déplore une démission du politique au profit d’un paravent : l’expertise technique. Ce 7 juillet, s’est répétée cette posture. Et c’est ainsi qu’est montée dans la salle une impression sourde : la rencontre est-elle un espace de dialogue et d’écoute ? Peut-elle contribuer à former des projets d’intérêt commun ? Quel est le contrat de confiance qui lie véritablement élus et administrés ?

En clôture de la soirée, David Ros a rappelé que l’enquête publique devait s’achever en décembre 2014. Mais il n’y eu aucune précision au sujet du cadre d’intervention, des marges de manœuvre, de la demande des Elus… Il serait bon que démocratie représentative rime avec contributions citoyennes pour en-visager l’avenir.

Dorothée Browaeys

[1] 17 contrats de développement territorial (CDT) sont en cours de négociation. Ils ont été définis dans la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris

[2] p. 237, Rapport sur l’Innovation à l’épreuve des peurs et des risques, Cl. Birraux et j.Yves Le Déaut, députés. OPECST

 

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3 Comments

  • Reply Harm Smit Juil 9, 2014 at 9 juillet 2014 14:51

    Merci de ce compte rendu qui soulève quelques questions pertinentes.

    Petite correction : la desserte par téléphérique n’a pas été remise en selle par FNE, mais par COLOS, relayé par IDFE, voir cet article http://www.colos.info/actualites/grand-paris/94-potentiel-des-telepheriques-urbains-pour-la-desserte-locale-du-plateau-de-saclay.

    Je signale par la même occasion l’avis de COLOS sur la dérive du projet d’aménagement : http://www.colos.info/images/doc/Avis-COLOS_amenagement-frange-sud-plateau-de-Saclay.pdf ; résumé pour les lecteurs pressés : http://www.colos.info/images/doc/Projet-CDT-Saclay-Sud_critique-COLOS-en-bref.pdf.

    Harm Smit.

  • Reply Meunier Michel Juil 15, 2014 at 15 juillet 2014 06:27

    La réunion de Palaiseau fut moins obscure qu’à Orsay, enfin pour l’éclairage de la salle, pas pour celui de l’assistance. Il faut dire que pour présenter un contrat de 220 pages, la diction de Guillaume Pasquier fait merveille pour tenir l’horaire. Moins pour avouer qu’il ne sait pas dire le coût global de l’opération ou ses conséquences polluantes. Alors pour l’intelligibilité, le mieux sera donc de se reporter à la version écrite du CDT.
    http://www.ile-de-france.gouv.fr/Carrousel/Le-projet-CDT-Paris-Saclay-valide

    L’EPPS et la CAPS sont d’ailleurs tellement pressés que c’est un contrat provisoire qui va être soumis à l’enquête publique ! Peu importe puisque comme dans tout grand projet contestable, il faut confisquer la démocratie.
    http://casorsay.canalblog.com/archives/2014/07/08/30212668.html

    Et chacun sait qu’on ne s’arrêtera pas au simulacre de concertation qu’est une enquête publique, à voir ce qui se passe sur la ZAC du Moulon.
    http://moulon2020.jimdo.com/2014/07/10/l-issue-d-une-enqu%C3%AAte-publique-d%C3%A9cid%C3%A9e-avant-r%C3%A9alisation/

    Alors, si vous êtes mauvais coucheur, indocile, jaloux de vos droits, ou simplement citoyen vigilant, informez-vous et préparez votre réponse. Elle ne sera pas écoutée mais ça fait du bien de penser et de le dire.

  • Reply Contrat de Développement Territorial – Répondre à l’enquête publique | monSaclay.fr Déc 14, 2014 at 14 décembre 2014 04:07

    […] présentation d’Orsay a été relatée le 8 juillet 2014 dans monSaclay.fr par Dorothée […]

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