
Au matin d’une réunion publique à laquelle ma santé ne permettra pas de participer, je livre ici mes réflexions sur les Orientations d’Aménagement et de Programmation du Plan Local d’Urbanisme.
Il est normal et satisfaisant que toutes ces OAP prévoient de gérer les eaux pluviales à la parcelle conformément au SAGE Bièvre 2023. Mais je constate aussi que 53 hectares sont voués à l’urbanisation, contribuant au détricotage actuel dans notre pays de la loi ZAN (zéro artificialisation nette).
OAP Domaine des Rigoles : elle laisse entendre que le secteur attribué est un espace vierge, ainsi que tout urbaniste classique considère à tort les espaces naturels ou agricoles. La municipalité précédente a résisté longtemps au changement d’usage de ces 13 hectares agricoles ; mais coincée à l’époque entre le CDT (Contrat de développement territorial de la communauté CPS) et le droit de propriétaires privés à réaliser leur capital, elle a fini par accepter la cession à deux sociétés de promotion immobilières. Pourquoi la présente OAP est-elle si éloignée de la vision acceptée alors, l’écoquartier « Les Domaniales » ? A bien regarder, ce lieu est enclavé ; passer de 450 logements à 770 entraine tellement d’habitats collectifs que les problèmes de circulation et de parking ne manqueront pas de se poser. Se soumettre ainsi aux injonctions préfectorales et aux intérêts économiques des bailleurs revient à dégrader la qualité de la vie des futurs habitants.
OAP Villeras : lorsqu’en 2012 le lieu-dit « ferme de Villeras » a changé de propriétaire, la commune n’avait pas les moyens d’acheter les 5 hectares, dont près de 4 en friche. Dommage, l’implantation d’équipements collectifs aurait pu créer un lieu de rencontre entre le Bourg et le Val. L’objectif d’y réaliser une zone d’activité économique était déjà celui de la SAS « Park de Villeras » mais est resté lettre morte, les promoteurs n’avaient pas vu qu’une partie était protégée par la ZPNAF ! Le projet est relancé, il aura sans doute plus de chances d’aboutir car moins ambitieux et plus respectueux de l’environnement agricole.
OAP Arthur Rimbaud : le secteur est petit, y construire 55 logements et des commerces peut sembler dérisoire devant le programme qui dimensionnera la commune : la ZAC du Christ. La réputation des occupants de logements sociaux chagrinait certains saclaysiens ? De penser aux autres peuplements à venir pourra leur faire oublier le déséquilibre Bourg/Val ! Car plomber la dent creuse Arthur Rimbaud n’apporte ni ne coûte pas grand-chose. En tout cas pas de quoi s’inquiéter avec 16 logements sociaux de plus. Ce taux de 30% des habitats nouveaux est d’ailleurs vraiment insuffisant dans la course contre la carence vis-à-vis de la loi SRU, il pourrait être porté à 50% afin de renforcer la mixité sociale.
OAP Centre Bourg : pour le nouveau Saclay qui se profile, le centre Bourg restera le vestige dépositaire de l’actuel « esprit village ». A part l’ésotérisme des termes architecturaux, rien de particulier à dire sur l’expression de cette OAP, si ce n’est que la requalification des bâtiments n’est pas assez détaillée pour garantir le respect du besoin des commerces (ne pas réduire la profondeur des boutiques par une « modénature » spectaculaire en façade, accorder des espaces techniques nécessaires à l’activité du café-restaurant …). Une réserve néanmoins : le stationnement souterrain est préconisé alors que le règlement du PLU déconseille la création de caves et parkings en sous-sol ! Comme l’objectif de création de logements est du même ordre de grandeur, modeste, que pour l’OAP du Val, il appelle les mêmes remarques.
OAP ZAC de Corbeville : c’est un gros morceau de l’aménagement du territoire de notre commune. On parlait de logements étudiants, mais n’est exprimé que vaguement « des constructions inscrites dans la ZAC de Corbeville sont susceptibles d’être réalisées en limite Sud du secteur 1 ». En bref, la ferme de la Martinière n’a été privée d’une grande partie de ses champs que pour les projets « OIN » d’un EPA Paris Saclay qui impose cette part de révision au PLU. Les projets viaires ou de lisière n’apportant rien à la commune elle les coiffe d’une casquette « green » pour faire semblant d’exister dans le secteur.
OAP Thématiques : c’est bien de notifier une OAP TVB (trame verte et bleue) sur une commune comportant beaucoup d’espaces agricoles, des sites inscrits, et un système hydrologique historique et remarquable. Rien à dire pour le patrimoine », c’est évident, et aussi sur les « circulations douces », agrément des loisirs et inévitables à notre époque de sobriété énergétique.
Mais pas d’OAP pour la ZAC du Christ : aborder le pôle multimodal en réunion publique n’est pas suffisant, car cette ZAC fera le Saclay de demain !
En conclusion, le projet de révision du PLU peut sembler homogène dans sa vision Bourg-centre/extension nord-est. Mais il conserve, voire augmente les prescriptions de vocation à l’habitat de Saclay. Alors que la ZAC du Christ, éludée, y satisfera bien au-delà en changeant radicalement le caractère de la commune.
Les Amis de la Vallée de la Bièvre avaient contesté la justification de la « pastille » d’urbanisation du SRIF-E ; et personnellement je suis défavorable à l’OAP du Domaine des Rigoles. D’autres solutions auraient pu éviter l’artificialisation des 13 hectares encore cultivés.
C’est mon avis, vous avez le vôtre, n’hésitez pas à le formuler pour l’enquête publique ouverte jusqu’au 3 mai. Les documents sont disponibles sur site internet et le commissaire enquêteur tiendra une permanence aujourd’hui et ce samedi-là, de 9h00 à 12h00 à la mairie de Saclay. Vous pouvez remettre votre contribution sur place, ou l’envoyer par courrier, ou la déposer sur le registre numérique.
Concitoyens, vous avez la parole, prenez-la !