A quelques mois d’une année électorale, ce livre-bilan d’un élu local vient à point nommé pour éclairer les choix en matière d’objectifs urbains.

Maire nouvellement élu en 2008 à Versailles, François de Mazières l’est toujours en 2025. Lorsqu’il s’est présenté, la transformation de l’ancien hôpital Richaud était un des enjeux majeurs du scrutin. Aujourd’hui, il est particulièrement fier de cette résurrection patrimoniale qu’il a réalisée grâce à l’écoute d’un promoteur attentif et au talent des architectes Jean-Michel Wilmotte et Frédéric Didier […]. Outre cette expérience, F. de Mazières a un vaste horizon de références tirées de son expérience à la tête de la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Si les élus locaux regrettent d’être souvent placés devant des calendriers trop courts d’actions initiées par l’Etat, ils déplorent en revanche d’être eux-mêmes freinés dans leurs projets urbains par une réglementation très abondante.
Avec ce livre, F. de Mazières a voulu témoigner de la diversité et de l’intérêt des initiatives prises aujourd’hui par les maires. Et du rôle de l’Etat (plus grand propriétaire foncier de France), jugé assez sévèrement soit parce qu’il apparaît doctrinaire (i.e. en matière de transition environnementale), soit parce qu’il est schizophrène (alors que la ville de Versailles est sanctionnée par l’Etat faute d’atteindre le quota de 25 %, celui-ci refuse de construire plus de 30 % de logements sociaux pour obtenir une meilleure valorisation de parcelles au profit des Domaines). Il faut dire qu’avec 62 % de la surface qui lui appartiennent, l’Etat est particulièrement présent dans la commune du fait du château et de terrains militaires, celui de Satory fait d’ailleurs l’objet d’une vaste requalification sous l’égide de l’établissement public Paris-Saclay.
S’y mêlent la vie quotidienne de l’élu local qui dialogue avec le ministre de la Défense, rencontre l’Architecte des Bâtiments de France (Versailles a le plus grand espace sauvegardé de France), bataille (pour une piste cyclable, ou la requalification d’un quartier i.e. celui autour de la gare des Chantiers), accueille le Solar Decathlon (une compétition internationale en matière de développement durable)… et un tour de France des projets (coup de cœur/coup de griffe) de Cannes à Arras. Ce vaste panorama offre un focus sur plusieurs villes autour de Versailles, comme Elancourt ou Saclay, ainsi que sur des Opérations d’Intérêt National qui bousculent les règles. Concernant le plateau scientifique de Saclay, le pari de l’efficacité a été largement gagné [moyennant plus de 5 milliards d’euros]. Si trois lauréats du prix international Pritzker ont été appelés à la rescousse, ils n’ont toutefois pas fait que des heureux : Les élèves des grandes écoles du plateau que j’ai pu rencontrer m’ont quasi tous dit la même chose. Ils apprécient peu cette nouvelle ville, trop artificielle à leurs yeux, tout en reconnaissant le luxe des équipements mis à leur disposition.
En architecture contemporaine, le pouvoir central n’a pas démontré qu’il était plus vertueux et inspiré que les élus locaux.
Les défis qui attendent les décideurs sont nombreux : outre celui de l’esthétique, tenir compte du « confort d’été » avec le réchauffement climatique, de la croissance de la population, de l’engouement pour les circulations douces… L’époque est au changement de paradigme, mieux vaut pour un maire s’entourer d’une bonne équipe. Ses remerciements en fin d’ouvrage vont tous ou presque à son équipe municipale, élus & fonctionnaires territoriaux.
NB : Le Cahier de 8 pages avec des photos en couleurs illustrant le propos du livre : « Pour une ville belle » aurait gagné à être mentionné sur la 4e de couverture des Éditions Eyrolles. Le prix de 17 euros en paraîtrait plus doux.
Christophe Baillat

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