Opinion d’un saclaysien
Un sujet d’actualité, je pense : faut -il être grand ?
Quand je passe dans nos rues, que je vois les herbes qui poussent, éclatent le macadam des trottoirs ou des chaussées et les endommagent gravement, que je vois les objets tombés de nos poubelles quand ceux qui les vident les font tomber et n’ont pas le temps de les ramasser… objets qui restent alors des semaines, parfois des mois dans le caniveau, je m’interroge… Bien sur, chacun pourrait arracher ces herbes… Bien sûr chacun pourrait ramasser ces détritus… Mais apparemment, si certains le font, tous ne le font pas. Peut-on en blâmer ceux-là ? Pas plus qu’on ne doit en féliciter ceux-ci ! Les uns font ce qu’ils pensent être leur devoir, les autres attendent ce qu’ils pensent être leur droit… vaste débat ! Mais une chose qui me hante, c’est que lorsque j’étais enfant, pas très loin d’ici, à Melun, je voyais passer dans nos rues, un gars poussant une sorte de carriole, grosse brouette plus large que longue, dans laquelle il mettait le produit de son balayage, de ses arrachages… Il taillait les tilleuls des rues à grands coups d’une sorte de faucille montée au bout d’une perche. Il façonnait des balais avec les brindilles ainsi récoltées et s’en servait pour nettoyer les caniveaux… Toutr l’année ils étaient là, ramassant les feuilles tombées d’automne, faisant toute l’année les tâches propres à chaque saison.
Bref, il y avait chez moi des cantonniers ! De ces hypothétiques travailleurs dont on disait que la sueur était le produit le plus rare de la planète… Que sont-ils devenus ? Aujourd’hui, on voit deux ou trois fois l’an passer un camion avec ses grandes brosses rotatives circulaires et son gigantesque aspirateur… Nos rues sont alors pimpantes quelques jours… sauf autour des voitures « ventouses » et autres obstacles à son passage. Le reste de l’année, c’est … en l’état, et on s’en fait une raison.
Pourtant, dans le petit village où vivent certains membres de ma famille, un village de l’Hérault qui compte une grosse soixantaine d’habitants permanents et sans doute autant de saisonniers, la municipalité emploie à plein temps DEUX personnes qui font ce genre de travail. Quand un trou apparaît dans un mur de soutènement ils le réparent, dans un trottoir, ils le rebouchent, dans la chaussée, ils appellent l’entité en charge à la DDE… ils désherbent, ils nettoient, ils entretiennent. Et la commune ne peut que se féliciter d’offrir, malgré ses maigres moyens, ces deux emplois permanents. Bien entendu, les deux cas de ce village de l’Hérault et d’ici ne sont pas comparables. Nous ne sommes pas en pays montagnard, nous n’avons pas tous ces chemins vicinaux avec tous ces murs à entretenir… Mais le travail du cantonnier est bel et bien là et, de nos jours, le moindre emploi créé ou même seulement maintenu est une victoire sur l’adversité. Alors, sincèrement, je me pose la question… Combien coûte un contrat pour faire passer deux fois l’an le camion balayeur et parfois une équipe de désherbeurs ??? comparé à une paire d’emploi pérennisés, donnant une propreté au jour le jour, une vigilance sur l’état des investissements, un élément de sécurité supplémentaire pour les gens et les biens…et la dignité d’avoir un travail à quelques personnes de plus !
Oui, je me pose la question : faut-il être grand pour envisager de revenir aux bons vieux cantonniers à la précieuse sueur de l’ancien temps ???